Etat des lieux ...
Voilà quelques années déjà, que j'habite ici. Je veux dire à Paris. Cette ville tentaculaire et magnifique. Où à chaque rue est gravée une page de notre Histoire.
Cette ville, qui fascine ou qui déplait, qui attire ou qui dégoute, mais qui jamais, personne, ne laisse indifférent.
Cette ville que j'ai parcouru tant et tant de fois et que j'aime tout particulièrement au plus ptofont de la nuit, quand elle est un peu désertée.
Je parle de Paris la Grande. Pas de ces territoires morcelés, qui sont autant d'enclaves marquées par le particularisme de communautés identifiable. Pigalle, Barbès, le Sentier, Tolbiac, les Champs Elysés...et bien évidemment le Marais. Toutes ces citadelles dans la cité. Même si Paris, comme un Gargantua, s'est étendu en avalant d'autres villages, pour devenir ce géant aux 20 arrondissements, je me refuse à le réduire à un conglomérat sans cohésion.
Paris est un.
J'ai usé, comme tout bon homo vivant à Paris, les pavés; ou devrais je dire; les terrasses ensoleillées, les plains-pieds éclairés, les entresols feutrés et les caves aveugles des bars en tout genre, qu'offre le Marais des Gays. Car le Marais n'appartient pas plus aux Gays, qu'il n'a appartenu à d'autres communautés avant eux. Il appartient à l'Histoire qui le traverse, et chaque communauté qui l'a incarné, lui a donné son actualité. Et demain il sera tout autre, avec un supplément de souvenirs.
Mais après tant d'années à Paris, je n'ai rien trouvé de plus dans ce quartier, qu'un mirage échoué et sans avenir. J'y ai passé de beaux moments, je m'y suis attardé un peu et j'ai doucement quitté la fête, avant qu'elle ne devienne amère et triste.
La vie m'est apparue ailleurs.
Pour moi, le Marais n'est pas Paris. Il en est seulement une étape, une épreuve qu'il faut savoir surmonter, pour éviter l'enfermement.
Et rien n'est plus difficile, que de chercher ailleurs son plaisir, quand ici, il est facile à trouver.
Comme beaucoup j'étais "addict" au sex.
Il m' a fallu du temps pour comprendre, que ce n'était pas en multipliant les orgasmes à répétition, que je trouverai le plaisir. Je m'éloignais du désir.
Quand on a jouit, c'est un peu comme quand on a pleuré : on a plus rien dire. La tension retombe. Alors on débande. Il n'y a plus qu'a s'en allé.
Mon état des lieux est en parti esquissé.
Je me suis lassé de ce qui était quotidient. Il n'y a rien de plus ressemblant à une boule à facette de discothèque, qu'une autre boule à facette. Mes nuits se ressemblaient et je perdais peu à peu, le goût de l'exeptionnel.
J'ai laissé partir au petit matin, bien des sourires charmants, bien des corps délicieux, bien des lèvres sucrées...juste parce que je n'ai pas su voir en eux, autre chose qu'un sexe bandé.
Le prince charmant existe : je l'ai 100 fois rencontré. Je n'ai pas su le reconnaitre, voilà tout.
Aujourd'hui, Paris m'ennuie. J'y ai fait mon tour et maintenant, j'ai envie de liberté.
Envie de vivre ailleurs, derrière les remparts d' une cité à dimension plus humaine.
Après cette petite parcelle de mon état des lieux, livré ici, j'ai soif d'un ailleurs qui me ressemblerait mieux.
Breton de coeur, c'est là que je veux vivre. A Rennes, à Nantes, ou à Kemper. Mais j'en reparlerai longuement, une autre fois.
La vie est courte. Il faut, après les constats, cesser de dériver et prendre en main le gouvernail : pour aller là où l'on veut, contre vents et marées.
Briser les conventions et ne faire que ce qui nous plait. Après... après, il est toujours trop tard!
ERWAN